Lux I : Obsidian de Jennifer L. ARMENTROUT

juin 26, 2017 Ariann 0 Comments

Résumé :

When we moved to West Virginia right before my senior year, I’d pretty much resigned myself to thick accents, dodgy internet access, and a whole lot of boring… until I spotted my hot neighbor, with his looming height and eerie green eyes. Things were looking up.
And then he opened his mouth.
Daemon is infuriating. Arrogant. Stab-worthy. We do not get along. At all. But when a stranger attacks me and Daemon literally freezes time with a wave of his hand, well, something… unexpected happens.

Traduction maison :

Quand nous avons déménagé dans la Virginie Occidentale juste avant ma dernière année de lycée, j'étais plutôt résignée à devoir endurer des accents à couper au couteau, un accès internet incertain et beaucoup d'ennui... jusqu'à ce que je remarque mon voisin super canon, avec sa taille impressionnante et ses étranges yeux verts. Les choses s'annonçaient bien.
Puis il a ouvert la bouche.
Daemon est exaspérant. Arrogant. Tête à claques. Nous ne nous entendons pas. Pas du tout. Mais quand un étranger m'attaque et que Daemon arrête littéralement le temps avec un mouvement de la main, eh bien, quelque chose... d'inattendu se produit.

Avis :

Série découverte grâce à Yolaine (que je remercie au passage !), c'est une bonne surprise. Histoire d'une romance du style "je t'aime, moi non plus" entre une jeune fille plutôt introvertie, et un garçon charismatique et horripilant. Tout cela est teinté de fantastique puisque Daemon s'avère être un alien dont Katie se rapproche lorsqu'elle découvre son secret (en principe farouchement caché aux humains).
La relation entre les deux personnages est sans aucun doute le point fort du roman. Katie oscille entre l'attirance qu'elle ressent pour Daemon, et l'exaspération qui l'envahit devant son caractère suffisant. Tout cela donne lieu à des scènes truculentes et la tension qui en résulte est très divertissante ! À cela s'ajoute une intrigue tournée science-fiction puisque Daemon n'est pas humain et que si lui se positionne comme étant un gentil alien, d'autres rôdent qui n'ont pas d'aussi bonnes intentions...
Le tout est servi par une narration à la première personne du point de vue de Katy, ce qui laisse place à des pensées un brin sarcastiques et pleines d'humour.
Une très bonne série dans le genre romance young Adult, pour passer un bon moment.

Ma note :

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Mon projet d'écriture

juin 25, 2017 Ariann 2 Comments

Mon roman, où l'art de procrastiner


J'ai créé ce blog pour parler d'écriture et de lecture, pour rencontrer des personnes ayant les mêmes passions que moi, pour me motiver à avancer dans mon projet de roman... et je me rends compte que je n'ai pas encore parlé de ce fameux projet !

L'idée est venue d'une petite scène, écrite sous le coup d'une inspiration subite et qui est devenue depuis la scène d'introduction d'une histoire beaucoup plus vaste : le voile des songes. En réalité, elle fait suite à un autre bout d'histoire que j'avais écrit et montré à une amie. Elle avait aimé, mais préférait les récits plus actuels, dans un style plus moderne. De là sont nés Érika (prénom susceptible de changer. D'ailleurs, si vous avez des idées sympas, je suis toute ouïe) et Lucas, deux bannisteurs (membres de la BAN, la Brigade d'Action Nocturne), qui sont chargés d'éliminer les Ombres qui surgissent la nuit, au coucher du soleil. Ces Ombres, monstres imaginaires devenus réels, on ne sait ni d'où elles viennent, ni comment elles sont arrivées là. Un jour, une faille s'est ouverte et elles ont déferlé sur terre, décimant la race humaine et obligeant les hommes à se barricader la nuit pour ne pas se faire tuer. L'histoire se passe dans un futur plus ou moins proche. Toute ressemblance avec des lieux ou des personnages existants serait purement fortuite ;-)
Je n'en dirais pas plus pour le moment. Vous avez compris qu'il s'agit d'un roman d'urban fantasy. Il y aura aussi de la romance, et du mystère je l'espère. Quant aux monstres, rien de bien original : des zombies, des vampires, des loups-garous. Mais attention, ils ont une raison d'être. Ils ne sont pas là par hasard...

J'ai un plan plus ou moins bien établi dans ma tête, mais le problème, c'est que je n'arrive pas à me motiver pour avancer comme je le voudrais. Chaque fois que je me mets devant mon ordi pour écrire, je trouve autre chose de plus urgent à faire. En ce moment, je suis en train d'écrire une scène essentielle et qui me plaît vraiment. Pourtant, même là, c'est une torture, une souffrance à écrire. Je ne sais pas pourquoi... J'espère que ce phénomène va vite passer. Si ça vous arrive aussi et que vous avez des trucs pour passer outre, dites-moi parce que c'est très frustrant !

Allez, pour vous faire patienter, je partage avec vous les quelques lignes qui ont précédé la naissance de cette histoire (mais qui, je l'avoue, n'ont plus rien à voir avec l'histoire actuelle. Il n'y a qu'une idée commune qui les rassemble, et ça, je ne vous dirai pas ce que c'est, à vous de deviner...) : 

Larmes de sang


Un fin croissant de lune peinait à éclairer les rues du village. Sous la pluie battante, Ael titubait sur les pavés glissants. La dernière taverne venait de le mettre dehors après qu'il eut dépensé ses ultimes piécettes. Pestant contre le sort, il criait à qui voulait l'entendre que personne n'avait le droit de le traiter de la sorte, et que la bière servie ne valait pas son prix. Mais nul ne répondait car à cette heure tardive, le bon peuple de Lintsal dormait. Et les autres se terraient sans doute, à l'abri du déluge. 
Du haut de la cathédrale, la créature guettait. Ses griffes ancrées dans la pierre, elle observait l'homme qui zigzaguait sur la chaussée. La faim la tenaillait, il y avait trop longtemps qu'elle ne s'était pas nourrie. Sur elle aussi les cieux se déchaînaient. L'eau ruisselait sur ses ailes déployées et sur ses cheveux, pour finir par rouler sur son cou gracile. Elle n'en avait cure. Seul l'être en contrebas occupait ses pensées. Des siècles avaient passé mais ce désir l'accompagnait toujours. Et le dégoût avec lui. 
Alors, elle s'élança dans les airs, ses ailes voilant en instant la pâle lueur céleste, pour atterrir à quelques pas du malchanceux. Le rideau de pluie semblait les isoler du reste du monde. De fait, pour la créature, rien n'existait que la vie qui coulait à flot dans le corps de cet homme. Il continuait à jurer, fouillant dans ses poches à la recherche d'une pièce salvatrice, inconscient du danger qui se dressait devant lui. Il finit par lever les yeux cependant, sentant une présence lui bloquer le passage.
Les mots d'injure restèrent bloqués dans sa gorge et il tomba à genoux, tremblant. 
«Est-ce que... Je n'ai rien fait. Je ne... Pardonnez-moi...»
La créature ne dit rien, approchant seulement ses doigts griffus du cou fragile, repoussant les cheveux sales pour exposer la peau fine de sa gorge. L'homme se signa à plusieurs reprises mais ne se défendit pas, sachant que rien ne pourrait le sauver de cette vision. Était-ce l'alcool qui lui jouait des tours ? Non. Une certitude plus profonde qu'aucune autre le lui souffla. Ce qu'il avait devant lui était réel, terrible et formidable. 
«Que voulez-vous de moi ?» demanda-t-il dans un murmure indistinct. Seul le martèlement de l'eau sur le sol boueux lui répondit. L'être s'approcha encore, s'agenouilla à son tour, et riva ses yeux aux siens tout en incisant d'une griffe acérée la chair tendre recouvrant la jugulaire qui battait au rythme d'un cœur affolé. Le sang, écarlate, se mit à perler puis se fondit sur la peau mouillée en un ruisseau rosé. Ael soupira, respirant le parfum d'éternité qui l'entourait maintenant. Tandis que la bouche froide de son destin venait s'abreuver à son cou, il ferma les yeux et s'abandonna au royaume de l'inconscience.

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Mise en page d'un livre : principes généraux, partie II

juin 22, 2017 Ariann 2 Comments


Rentrons maintenant un peu plus dans le détail et donc, dans les petits plus qui vous démarqueront des autres. Ce sont sur ces critères que l’on reconnaitra le plus un livre véritablement travaillé du point de vue de la forme, car ce sont ces éléments qui sont souvent oubliés.

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FItz and the Fool : Assassin's fate de Robin HOBB

juin 20, 2017 Ariann 0 Comments

Résumé :

Fitz’s young daughter, Bee, has been kidnapped by the Servants, a secret society whose members not only dream of possible futures but use their prophecies to add to their wealth and influence. Bee plays a crucial part in these dreams—but just what part remains uncertain. As Bee is dragged by her sadistic captors across half the world, Fitz and the Fool, believing her dead, embark on a mission of revenge that will take them to the distant island where the Servants reside—a place the Fool once called home and later called prison. It was a hell the Fool escaped, maimed and blinded, swearing never to return. For all his injuries, however, the Fool is not as helpless as he seems. He is a dreamer too, able to shape the future. And though Fitz is no longer the peerless assassin of his youth, he remains a man to be reckoned with—deadly with blades and poison, and adept in Farseer magic. And their goal is simple: to make sure not a single Servant survives their scourge.

Traduction maison :

La fille de Fitz, Abeille, a été kidnappée par les Serviteurs, une société secrète dont les membres, outre rêver des futurs possibles, utilisent leurs prophéties pour augmenter leur fortune et leur influence. Abeille joue un rôle crucial dans ces rêves, mais ce rôle reste incertain. Tandis qu'Abeille est entraînée par ses kidnappeurs sadiques à travers la moitié du monde connu, Fitz et le Fou, la croyant morte, embarquent pour une mission de revanche qui les emmènera jusqu'à l'île lointaine où résident les Serviteurs - un lieu que le Fou avait autrefois appelé foyer avant qu'elle ne devienne sa prison. C'est un enfer que le Fou a quitté, mutilé et aveugle, jurant de ne plus jamais y retourner. Mais, malgré toutes ses blessures, le Fou n'est pas aussi faible qu'il n'y parait. Il est également un rêveur, capable de façonner le futur. Et même si Fitz n'est plus l'assassin hors pair de sa jeunesse, il reste un homme à craindre, mortel avec des lames et du poison, et doué de la magie des Loinvoyant. Leur but est simple : s' assurer qu'aucun Serviteur ne survive à leur courroux.

Avis :

Ce livre, je l'attendais depuis deux ans. Depuis le tome précédent en fait. Et je le redoutais aussi, car il conclue une bonne fois pour toute les aventures de Fitz et du Fou. J'ai débuté cette série il y a presque 15 ans, et j'ai depuis quasiment tout lu de l'auteur. C'est malgré tout cette saga qui garde ma préférence, pour l'histoire et ses personnages.
Alors, cette conclusion tient-elle toutes ses promesses ?
Je suis un peu mitigée, même si ça reste une magnifique saga. En fait, le terme exact, c'est que je suis frustrée. L'histoire se termine de façon logique, comme je m'y attendais, et en cela, je suis comblée. Mais la façon dont tout se déroule... Nos deux héros, loin de se rapprocher dans l'adversité, semblent tous deux se sentir incompris et du coup, s'enferment dans leurs problèmes sans se confier ni mettre tout à plat. Abeille, au lieu de faire le lien entre eux, les éloigne à chaque nouvelle révélation. Tout n'est que non-dits et amertume.
À l'inverse, les passages qui racontent le périple d'Abeille sont palpitants quoique violents. La pauvre devra faire face à bien des tortures sous le joug de ses kidnappeurs... C'est d'ailleurs, sans nul doute le livre dans lequel l'auteur est la plus dure envers ses personnages. Je me suis même attachée à cette enfant, ce qui n'allait pas de soi au début. Les épreuves la changent, l'endurcissent jusqu'au point de non retour.
À travers leur périple, nos héros relient tous les mondes de la saga (les 6 duchés, Terrilville, le désert des pluies, Jamaillia, les rivages maudits, la baie des pirates, l'île des autres...). Toutes les questions trouvent leurs réponses et l'on découvre le monde des prophètes blancs ainsi que leur relation avec les dragons et les serpents.
La fin, telle une boucle, se referme comme il se doit, sans surprise mais avec satisfaction. Je regrette juste qu'aucune discussion à coeur ouvert n'ait eu lieu avant le final. Sans compter que, pauvre Fitz, rien ne lui sera épargné, jusqu'à la dernière seconde...
Si cette fois c'est certain (ou presque ?) les aventures de Fitz et du Fou sont belles et bien terminées, les dernières lignes laissent ouverte une suite avec le personnage d'Abeille. Alors qui sait, peut-être Mme Hobb nous emmènera-t-elle encore pour un autre voyage dans le monde des... 7 duchés. Et si c'est le cas, je l'y rejoindrai sans hésitation !

Ma note :

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Texte perso : Comme un destin scellé à la cire

juin 15, 2017 Ariann 0 Comments

Il y a quelque temps, je vous avais parlé d'un petit concours de nouvelles auquel je participais. Eh bien voila, le concours est terminé et les résultat sont parus. Je ne suis malheureusement pas sélectionnée cette année mais j'ai tout de même eu de bons retour de la part des jurés, donc la déception n'est pas trop grande.

Je vous partage mon petit texte comme promis. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

Comme un destin scellé à la cire


Sous le soleil à son zénith, Aymeric se sentait cuire dans son armure d’acier. La sueur dégoulinait dans son cou, depuis ses mèches auburn alourdies de transpiration. Après plusieurs heures à manier l’épée, la fatigue commençait à réclamer son dû. Les paumes meurtries par la garde de sa lame, les bras endoloris par le poids de son arme et les chocs répétés, il s’éloigna du centre de l’arène pour reprendre son souffle et trouver un coin d’ombre salvateur. Une barrique d’eau claire l’attendait près d’un arbre à la large ramure. Le jeune guerrier avala goulûment plusieurs lampées qui apaisèrent sa gorge râpée par le sable et la poussière. 
Voilà des jours qu’il s’entraînait sans relâche. Chaque soir, il se couchait le corps marbré de bleus, les mains en sang, la voix rauque, mais le sourire aux lèvres. Une fois par année, le roi conviait à la cour vingt cadets de bonne famille. Au terme d’un tournoi, le meilleur d’entre eux se voyait accorder un titre assorti d’un lopin de terre. Une chance unique pour les puînés, d’obtenir ce que leur naissance ne pouvait leur offrir. Ainsi avait-il reçu un parchemin scellé à la cire, le priant de rejoindre les appelés de cette loterie royale. Les heureux élus étaient tous là, réunis sous la houlette d’un vieux maître d’armes blasé, dont la fonction consistait à inculquer quelques rudiments de combat à de jeunes têtes brûlées qui rêvaient déjà de gloire. 
Des gloussements à peine contenus détournèrent l’attention d’Aymeric vers la route de terre battue qui serpentait tout près. Trois suivantes de la reine, joliment apprêtées, riaient sous cape en détaillant les hommes qui ferraillaient hardiment. L’une d’elles leva les yeux vers lui. Elle s’appelait Yselda. Ses cheveux couleur des blés étaient réunis en une large tresse. Son corps aux formes voluptueuses épousait sa robe de velours. La veille, sous le couvert de la nuit, il avait glissé ses doigts dans les mèches soyeuses et défait sa natte, faisant couler une rivière d’or sur sa peau laiteuse. D’une main habile, il avait délacé l’avant de sa cotte pour pouvoir mieux profiter de la courbe avantageuse de ses seins. Malheureusement, elle l’avait arrêté lorsque ses doigts s’étaient aventurés sous ses jupes, riant qu’il était bien prétentieux pour un homme sans terres ni titre. Elle s’était faufilée hors de sa portée et avait rajusté sa tenue, avant de s’enfuir joyeusement. Il entendait encore son rire cristallin résonner sous le ciel étoilé. 
Sur la route, Yselda l’observait à la dérobée. Un sourire espiègle flottait sur ses lèvres et ses yeux pétillaient de malice. Oh oui, pas de doute, il finirait par la faire céder. 

Les journées s’enchaînèrent. Elles sentaient la sueur et le cuir tanné, carillonnaient au rythme du fer qui se croise, se modelaient au fil des cals qui se dessinaient dans ses mains. Elles avaient le goût du bonheur. À la tombée du jour, Aymeric retrouvait sa belle. Il lui murmurait des mots tendres, respirait sa peau douce et parfumée. Pourtant, jamais elle ne le laissait aller plus loin que quelques caresses. Elle l’abandonnait le corps fiévreux et le souffle court. Comment faisait-elle pour lui résister à ce point ? Il en avait troussé des demoiselles de toutes les castes, et même quelques femmes mariées. Aucune ne s’était refusée à lui. Yselda était une énigme, un défi, et ô combien il aimait cela !

Il apprit à la connaître, forcé de la courtiser à défaut de mieux. Il découvrit un cœur généreux et un esprit libre. Un soir qu’il faisait particulièrement chaud, il l’emmena près d’un lac et l’invita à le suivre dans l’onde fraîche. Elle déclina et s’assit dans l’herbe tandis qu’il se déshabillait devant ses yeux ébahis. 
— Toujours pas envie de me rejoindre ? 
La jeune femme secoua la tête tout en le détaillant effrontément. Il se glissa dans l’eau et affronta avec délice la température revigorante du ruisseau. Son bain terminé, il revint vers elle et s’allongea à ses côtés, totalement à l’aise dans sa glorieuse nudité. La belle l’observait, rougissante. Lorsqu’il l’attira à lui, elle ne se rebella pas et fit courir ses doigts sur sa peau encore luisante et humide. Elle sentait la rose et le romarin. Elle était si magnifique qu’il tremblait au moment de promener ses mains sous les jupons de taffetas. 
— Si je croyais en la magie, je penserais que tu m’as ensorcelé, murmura-t-il d’une voix hachée, avant de l’embrasser avec passion. 
Il la sentit se détendre dans ses bras, se laisser aller enfin à la volupté. Soudain, une branche craqua dans les buissons. Elle sursauta et se redressa promptement, toute frivolité envolée. 
— Je dois partir. 
Elle le fixa encore un moment, se mordit la lèvre et le salua avant de le quitter en courant. Il jura pour finalement s’esclaffer sous la lune presque ronde. Pas de doute, il était amoureux.  

Le tournoi s’annonça, au cours duquel les jeunes recrues devaient s’affronter afin de se distinguer. C’était l’occasion unique d’acquérir un titre, de fonder une lignée. Aymeric s’était avéré un remarquable combattant. Durant les dernières semaines, ses prouesses lui avaient valu plusieurs inimitiés et beaucoup de jalousie. Il n’en avait cure. Favori du tournoi, il s’imaginait déjà adoubé par le roi en personne. 
Les épreuves commencèrent. Dans son gantelet, il avait caché un ruban de soie dérobé à sa belle pour lui porter chance. Elle l’observait des gradins, applaudissait ses exploits. De toutes les rencontres, il sortait vainqueur. Le 3e jour pourtant, elle ne parut pas. Ni le 4e . Aymeric interrogea ses amis, mais personne ne l’avait aperçue. Au soir du 4e jour, un message l’attendait, caché sous ses habits. Sur le papier, une simple phrase, laconique : 

Perds le tournoi ou jamais tu ne la reverras. 

Une sueur glacée lui mouilla le dos. Qu’était-il arrivé à Yselda ? Qui le menaçait ? Le temps manquait. Un choix s’imposait : retourner à l’anonymat d’un avenir incertain ou risquer de perdre celle qui hantait ses nuits. Il y a peu, la réponse aurait été toute autre, mais aujourd’hui, que lui importait de devenir noble si elle n’était pas à ses côtés ? 
Le lendemain, Aymeric se présenta dans l’arène. Avant d’émerger dans l’ère de combat, il respira le parfum qui imprégnait l’étoffe de soie dissimulée dans sa manche et marmonna une prière fervente. Enfin, il s’avança sous le soleil aveuglant et les acclamations de la foule en liesse. Face à lui, son adversaire attendait. Était-ce lui, le fourbe ? Il frémit, chargé d’une haine brûlante. 
L’échange débuta. De coups d’épée violents en vicieuses escarmouches, le combat se prolongeait. Malgré ses résolutions, Aymeric peinait à se laisser dominer. C’était peut-être cet homme qui menaçait son bonheur tout neuf. Un regard vers la place vide sur les gradins lui fit serrer les dents. Se soumettre pour elle… Finalement, il inspira profondément et ferma les yeux, l’image de sa bien-aimée imprimée derrière ses paupières closes. Son opposant profita de cette ouverture inespérée pour lui asséner un violent coup d’estoc. La douleur fit ployer Aymeric, qui mit genou à terre. Il n’eut pas le temps de récupérer que d’autres coups suivirent, entaillant sa chair. Il ne se défendit pas, il en allait de la vie d’Yselda. Un ultime choc à l’arrière du crâne, et il sombra dans une bienheureuse inconscience. 

Il se réveilla la tête lourde, la langue pâteuse, le corps endolori. Lorsqu’il tenta de se relever, une douleur aiguë lui transperça les côtes et lui arracha un cri. La vue encore floue, il découvrit une pièce dépouillée de toute décoration, qui sentait les herbes et le sang. 
— Aymeric ? 
Cette voix… Yselda ! Elle se tenait non loin, assise sur une petite chaise en bois. Il voulut la prendre dans ses bras, mais une nouvelle fois, la souffrance l’obligea à retomber contre ses oreillers. Peu importe. Elle était là, près de lui. 
— Je suis si heureux ! J’ai cru te perdre, souffla-t-il d’une voix éraillée. 
— Je sais, répondit-elle doucement. 
— Tu vas bien, n’est-ce pas ? Dis-moi tout ! On ne t’a fait aucun mal ? 
— Non. 
Quelque chose dans la retenue de ses mots le déstabilisa. La vue encore un peu trouble, il s’aperçut malgré tout qu’elle pleurait. Que s’était-il passé ? Une urgence, un sourd pressentiment le poussa à se redresser malgré la douleur lancinante qui lui déchirait la poitrine. Son aimée se tenait bien droite, les mains sagement croisées dans son giron. 
— Yselda ? murmura-t-il, pétri d’angoisse. 
— Te souviens-tu d’Odeline ? demanda-t-elle, lèvres serrées. 
Devant son air ahuri, elle poursuivit : 
— Elle était la fille du bourgmestre de ton village. Tu l’as charmée et déshonorée. De quoi parlait-elle ? Il se rappelait vaguement une jolie blonde au visage poupin, encore naïve. 
— Je l’ai peut-être attirée dans mon lit, et alors ? C’était il y a longtemps, bien avant de te rencontrer. — C’est ma sœur et tu l’as mise enceinte, souffla-t-elle, amère. Nous avons déménagé en hâte et mon père a été forcé de la marier pour lui éviter la disgrâce. Aujourd’hui, elle se morfond auprès d’un homme qui la dégoûte. Son seul bonheur, c’est sa fille. Votre fille. 
Il en resta bouche bée, le cœur affolé. Tout se mélangeait dans son esprit. Une sœur ? Une fille ? Il était père ? Quel âge avait l’enfant ? 1 an ? 2 ? Il n’eut pas le temps d’y réfléchir que déjà, elle reprenait : 
— Jamais tu n’aurais dû venir ici. Lorsque nous t’avons reconnu sur le terrain d’entraînement, nous n’avions qu’une idée en tête : la venger. Je devais te séduire comme tu l’as séduite, te briser le cœur comme tu as brisé le sien. 
— Je ne comprends rien à ce que tu me dis ! Je t’ai vue frissonner dans mes bras, j’ai senti ton pouls battre la chamade sous mes baisers ! Tout cela n’était donc que mensonges ? 
— Ça ne l’était plus, à la fin… 
— Alors que signifie tout cela ? Le message, ta disparition ? 
Aymeric sentit sa gorge se serrer. Colère, tristesse, déception, il bouillonnait, envahi de sentiments contradictoires. Sa confusion s’amplifia encore lorsqu’Yselda éclata en sanglots. 
— Odeline est la favorite de la reine. Quand elle a compris que je ne voulais plus jouer la comédie, elle est devenue folle. C’est elle qui a arrangé toute cette histoire. Elle m’a enfermée pour que je ne puisse pas te prévenir du danger, et elle a payé des gens pour te priver ce que tu avais de plus cher… 
Sa voix entrecoupée de pleurs rendait difficile son discours. Lorsqu’elle reprit, Aymeric dut tendre l’oreille pour la comprendre. 
— Je suis venue te dire adieu. Je dois partir, quitter la ville dès ce soir. Mon mariage est arrangé pour les jours qui viennent. Ne me suis pas, le supplia-t-elle en prenant sa main entre les siennes. Si tu tentes quoi que ce soit, elle te fera tuer. 
— Qu’elle essaie ! jura-t-il en s’asseyant, mais la douleur se rappela à son bon souvenir. 
— Tu n’es pas en état. 
— Pas aujourd’hui, mais dans quelques jours, je viendrais te retrouver.
— Dans quelques jours, il sera déjà trop tard pour nous deux. Oublie-moi. C’est mieux ainsi. 
Elle déposa un léger baiser sur ses lèvres avant de partir en courant, les yeux rougis. Aymeric passa une main sur son visage. Trop d’informations, trop de folie. 

Alors que ses doigts glissaient sur ses joues, il y rencontra une irrégularité sensible au toucher. Étonné, il chercha de quoi se contempler et attrapa près du nécessaire de toilette, un bout de miroir qui devait servir à se raser. Son reflet le glaça d’horreur. Une large estafilade barrait son visage, défigurait sa peau parfaite. Les berges boursouflées laisseraient sans aucun doute une affreuse cicatrice. Qui voudrait de lui avec un physique si repoussant ? Il comprenait mieux maintenant pourquoi Yselda lui demandait de ne pas chercher à la revoir ! Sa beauté dont il était si fier n’était plus qu’un souvenir. 

Que lui restait-il ? Quel avenir pouvait-il espérer ? Son regard se brouilla sous l’assaut de larmes qui ne voulaient pas tomber. D’un geste rageur, il serra le morceau de verre dans sa main tremblante. Le sang coula sur les draps blancs. Au moins lui avait-il été donné d’aimer, une fois. Jamais on ne l’y reprendrait. 

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Mise en page d'un livre : principes généraux, partie I

juin 11, 2017 Ariann 2 Comments

Etre écrivain ne s’improvise pas et nécessite de suivre certaines règles. Il y a bien sûr les règles de grammaire et d’orthographe, la syntaxe, la structure scénaristique et la montée dramatique. Mais ce n’est pas ce que je veux aborder. Je n'ai pas la prétention de donner des cours d'écriture ou de style. 
Non, je veux parler de la forme des textes, de leur présentation "physique".
Vous trouvez cela anecdotique ? Détrompez-vous. Si ces règles ont été édictées, c’est pour une bonne raison : elles valorisent le texte, augmentent sa lisibilité et harmonisent l’ensemble de la production pour permettre aux lecteurs d’avoir des points de repères. En fait, ces règles sont là pour se faire oublier au profit de ce que l'on écrit.

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